Antone Israel
29 octobre – 19 novembre 2022
Vernissage : samedi 29 octobre 2022 de 15h à 20h
Finissage : samedi 19 novembre 2022 de 15h à 20h
Sur une invitation de Younes Baba-Ali
V2Vingt
20 rue Vanderlinden 1030 Schaerbeek

Antone Israel – Fantasmas
Laurent Jourquin
Antone m’a explicitement demandé de ne pas révéler l’exposition avant le vernissage, et c’est avec le souci de respecter cette demande que je resterai évasif, évitant la description au profit de l’intention et de l’impression que les explications orales de l’artiste m’ont laissées.
Dans un premier temps, je comprends que l’artiste est irrésistiblement attiré par les répétitions méditatives, les boucles temporelles qui seules, permettent une concentration extrême sur un temps relativement long. Tout son travail le dit. L’oeuvre est cinématographique et le cinéma ne peut se départir de la question du temps, de la temporalité et du rythme. Il est le temps. Comme on dit du langage qu’il est constitué et constituant, l’image cinématographique est constituée dès la prise de vue et constitue le moment situé entre le début et la fin du film. Mais comme toutes les boucles qui ont été formées par l’histoire du cinéma expérimental, post-structurel ou même narratif, de Muybridge à Rinus Van de Velde, les boucles scellées par Antone Israel dialoguent avec l’infini. L’infini est à la fois vertige et universalité. Il est le sujet des auteurs qui invitent à ne pas se divertir de soi-même. L’infini est également porté par les musiques concrètes et minimales, explorées par des créateurs que j’imagine d’une même famille : Eliane Radigue, Pauline Oliveros, La monte Young, Steve Reich William Basinski et quelques autres. Ils sont de la famille de ceux qui ont su mettre une distance entre l’agitation du monde et eux-mêmes. Ils explorent l’intériorité plutôt que le monde. Antone me semble faire partie de cette communauté d’esprit, et lorsqu’il scénographie une exposition, il construit une narrativité de l’agencement dans lequel le symbolique se sédimente. L’agencement est une question d’espace. L’espace que l’artiste scénographie est intégré par le regardeur. Il est chargé d’affect. Il est familier. Il est spirituel et expérimente pourtant une forme de projection concrète qui accueille le dispositif comme sujet d’exploration. Le projecteur 16 mm devient sculpture, et le sujet projeté est un élément de l’installation. C’est la lumière du sujet qui nous accueille dans la salle du V2Vingt et le ronronnement de l’appareil qui nous parle. La boucle de projection est doublée d’une seconde boucle amorcée par un dispositif que je préfère taire, car c’est ici que l’œuvre se révèle véritablement et c’est ici que je prendrais le risque de la tuer avant de l’avoir vu exister…. J’oserai juste faire un pas en avant en parlant d’une révélation qui se construit dans le temps exact d’une disparition. La disparition est la condition nécessaire de la révélation. On n’y échappe pas. Un élément doit cesser d’exister pour laisser le souvenir apparaître. Le souvenir n’existe pas sans cette destruction. Il est comme un fantôme lié à une réalité matérielle, et c’est ce qui est donné à méditer.
Cet événement est soutenu par la fédération Wallonie Bruxelles
