With silence we speak

Pedro Ruxa 

Curateur: Emmanuel Lambion

Vernissage: samedi 16.02.2019 / 16h-20h

Exposition: 16.02.2019 – 10.03.2019 / samedi 16h-20h ou sur rendez-vous

Conversation avec l’artiste: Sous réserve

Finissage: dimanche 10.03.2019 / 16h-20h

 

 

Pedro Ruxa : With silence we speak

V2Vingt et Bn PROJECTS ont le plaisir de vous convier au vernissage de With Silence We Speak, une exposition de Pedro Ruxa spécialement conçue pour l’espace de V2Vingt.

Pedro Ruxa est Portugais, il vit à Bruxelles depuis plusieurs années où il s’est formé à L’ atelier Peinture de l’ENSAV La Cambre.
Sa peinture revendique le droit d’être une peinture de l’affect et du sensible, tant dans le traitement pictural comme dans les thèmes de prédilection qu’il investigue,  qui s’enracinent souvent dans un vécu et quotidien personnels.
D’un projet à l’autre, les styles picturaux de la pratique de Ruxa diffèrent, autant qu’il revendique le recours à des formes de langages multiples pour essayer de toucher et de communiquer le sensible.
C’est que la peinture de Ruxa est aussi une peinture du dialogue et de la transmission, qui loin de l’éviter, cultive l’émotion et la communication de celle-ci.
Formes, couleurs, matières, mais aussi, désormais, lettres, mots et citations textuelles concourent à articuler un langage polymorphe et composite qui aspire à transmettre une impression, une émotion davantage q’un sens ou un message restrictif.
Cette fascination pour le langage, dans toutes ses formes, orales et écrites, mais aussi l’intime conscience des limites paradoxales de ce dernier (au plus on essaie de le préciser et de le maîtriser, au plus il nous échappe et se dérobe) sont assurément des éléments qui ont amené Ruxa à se diriger vers le langage pictural.

Cet art voué à la transmission d’émotions a pris ces derniers temps l’objet même de ses préoccupations et enjeux, tant sensibles que théoriques, comme sujet d’étude et motif iconographique.
Ce sont donc des peintures réfléchissant la communication, mais aussi et surtout ses entraves, visualisant le ou, plutôt, les langages (de l’oralité et de l’écriture aux langages du corps et du geste, en passant les expressions, le silence ou encore les arts plastiques et la peinture en particulier..), comme vecteurs de cette dernière, ainsi que la distance, l’espace-temps salutaires et salvateurs qui servent de toiles de fond à nos tentatives, fructueuses ou non, de communication.
Car, pour Ruxa, ce qui nous entrave et pourrait de prime abord apparaître comme un obstacle à la bonne communication, est sans doute aussi ce qui la sauve et qui, par-là même, nous sauve.

Pratiquant une indifférenciation sélective où les différentes formes de langages cohabitent, se complètent ou se télescopent, la sélection de toiles que nous avons opérée fait se juxtaposer des peintures figuratives à ce que l’on pourrait appeler des poèmes picturaux ou des peintures-poèmes.
Emprunts de textes littéraires ou poétiques et inspirations de l’artiste côtoient des toiles où les agencements des motifs figuratifs fonctionnent de façon lexicale, à la façon de séquences hiéroglyphiques accessibles à chacun.

Si l‘incursion scripturale de Ruxa s’inscrit bien évidemment dans une longue tradition plastique de l’usage ou l’intégration du mot, du verbe dans l’oeuvre, l’usage qu’il en fait est éminemment singulier.
C’est que chez Ruxa, les mots se font peinture, ou formes à la fois plastiques et picturales, vibrantes et rayonnantes, chaleureuses et lumineuses, se détachant de l’obscur silence des fonds noirs. Fugaces aussi, comme si Pedro Ruxa voulait, de façon rétinienne, nous exprimer leur insaisissabilité.

A l’inverse, une toile telle que Language is leaving me exprime, en inversant l’approche synesthésique et dia-linguistique de Ruxa,  la valence littéraire des formes plastiques. Des taches de couleurs abstraites rayonnent depuis un livre ouvert disposé presque à même le sol sur un simple socle incliné à la façon d’un pupitre, et rappellent aussi l’origine consanguine, liée au verbe et à l’écrit au travers des enluminures, de notre tradition picturale occidentale.

Dans cette figuration ou abstraction de la communication, représentée de façon littérale ou métaphorique, des dialogues multiples – d’un langage à l’autre, d’un être à l’autre, d’un organe à l’autre, d’une couleur à l’autre, d’une temporalité  à l’autre – se tissent et se croisent.
Des dialogues qui s’adressent autant à l’autre qu’à soi même, dans une citation du poème The Constant Dialogue, de Carlos Drummond de Andrade – oeuvre séminale qui nous a d’ailleurs inspiré le titre de l’exposition:
Choose your dialogue / and / your best word / or / your best silence
Even in silence and with silence
We speak                                                                                  Emmanuel Lambion, Bn PROJECTS


1 Des cubistes aux conceptuels ou post-conceptuels, en passant par les dadaïstes ou les artistes pop, les exemples sont évidemment innombrables, pour ne parler que du XXe siècle.